Quand un assureur propose de mesurer les risques encourus par un assuré en utilisant non seulement le bilan de santé mais aussi en collectant les données en provenance des objets connectés, nous passons alors à un nouveau système d’assurance au comportement.
Les conséquences mais aussi les risques pour les consommateurs sont multiples car le champ de surveillance peut être très étendu : santé, alimentation, activités quotidiennes, stress, parcours médical, analyse du sommeil… Les outils deviennent de plus en plus nombreux : balance connectée, montre connectée, réfrigérateur connecté…
L’assureur au vu de l’exploitation et croisement de ces données individuelles collectées « conseille » à son assuré « mis à nu » de consulter un partenaire du groupe d’assurance spécialisé par exemple sur la mise en place de régime alimentaire ou de sevrage tabagique.
L’assureur affecte un score individuel et fixe des objectifs chiffrés d’amélioration à son assuré.
Pour le bon élève il y a à la clé des cadeaux réduction chez les partenaires de l’assureur et dans certains pays des minorations de cotisations sur le contrat de santé complémentaire (cette solution est actuellement interdite en France). Les assureurs assurent que les données individuelles sont protégées car elles ne sont pas consultables directement par lui mais par un prestataire extérieur qui mouline les données personnelles pour donner à l’assureur un résultat sous forme de cotation agrégée.
Cette tendance que l’AFOC juge dangereuse va dans le sens de l’individualisme et minore les mécanismes de mutualisation ce qui peut être acceptable dans l’assurance voiture ne le serait sûrement pas pour la santé.
Ce type d’assurance devient plus fréquent dans l’assurance automobile avec des boitiers connectés qui enregistrent la façon de conduire (tranquille ou au contraire nerveuse), les dépassements de vitesse et qui pour les méritants prévoit des variations de cotisation de -50 % à +10 %. Les assureurs étudient l’opportunité de l’adopter pour le secteur de l’assurance habitation.
Pour l’AFOC, attention à ne pas rêver, en optant pour ce type d’assurance, de bénéficier de rabais car il s’agit de manoeuvres commerciales pour gagner des parts de marchés quitte temporairement à perdre de l’argent. Sur la durée il faudra beaucoup de perdants pour quelques gagnants et surtout une accélération des exclusions d’assurés avant même la survenance de sinistre, simplement au vu de la constatation de comportements jugés à risques.
Par contre dans le domaine de la couverture du risque maladie, l’AFOC est totalement opposée à une éventuelle ouverture de ce secteur, y compris pour les régimes complémentaires car nous tenons aux valeurs mutualistes qui permettent, grâce à la solidarité inter-générations, d’éviter des cotisations croissantes avec l’âge et surtout à terme avec des exclusions pures et simples d’assurés qui ne bénéficieraient plus que d’une protection sociale de base à minima et donc d’une santé à deux vitesses selon que l’on soit pauvre ou riche. C’est donc pour l’AFOC un vrai choix de société et nous conseillons à tous de bien réfléchir aux conséquences à court terme avant de céder aux sirènes du marketing qui mettent en avant une pseudo modernité qui aura un prix fort pour beaucoup de consommateurs.
Poster un Commentaire