Abandon de poste : vers une nouvelle remise en cause des droits

Le mercredi 5 octobre, dans le cadre du projet de loi portant mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein emploi, ont été adoptés à l’Assemblée nationale une série d’amendements prévoyant d’instaurer une « présomption de démission du salarié quand ce dernier quitte son poste volontairement ».

Les salariés abandonnant leur poste seront présumés démissionnaires et ne percevront pas d’allocation chômage.

Selon le ministre du Travail, Olivier Dussopt, cette situation constitue « une faille ». Lors d’une déclaration du 27 septembre dernier, le ministre a déclaré qu’un « salarié qui procède à un abandon de poste a accès à des conditions plus favorables qu’un salarié qui démissionne ».

Or jusqu’à ce jour, nul n’avait jugé utile de remettre en cause ce dispositif. Le gouvernement lui-même ayant des difficultés à justifier objectivement sa mesure. La preuve en est, aucun chiffre n’a été présenté par le gouvernement pour quantifier les abandons de poste.

Mais alors, sur quelle base se fonde-t-il pour affirmer que l’abandon de poste est un phénomène très répandu ? Lorsqu’il répond que « la volonté d’avoir une étude permettant de quantifier n’est qu’un moyen pour retarder la prise de décision », on peut difficilement nier le manque d’arguments.

Une question demeure : quel est l’intérêt d’une telle mesure ?

Pour FO-Cadres, ce que le gouvernement cherche à travers cette dite « faille » n’est qu’un prétexte pour diminuer une nouvelle fois les droits des salariés, notamment des cadres, à l’assurance chômage.

La priorité actuelle reste la nécessité de protéger les salariés plus efficacement.

Pour les cadres, l’abandon de poste ne découle pas d’une décision irréfléchie ni d’une volonté d’abuser d’un système de protection. L’abandon de poste peut s’imposer au regard de réelles difficultés rencontrées dans leur vie professionnelle. Parmi celles-ci on retrouve les situations trop fréquentes de stress, de burn-out et de harcèlement.

C’est pourquoi, FO-Cadres exige une meilleure prise en considération de ces difficultés et un encadrement adapté de la démission. Parmi ses revendications, la mise en place d’une clause de conscience ou d’un droit de retrait éthique permettant à un cadre responsable de se prémunir contre un changement de direction non souhaité de l’entreprise et susceptible d’entraver ses fonctions, s’impose dans le contexte actuel.

Cette clause serait justifiée par les fonctions occupées par le cadre, l’importance de son poste, sa place dans l’entreprise, la nature des activités effectuées, cette clause doit permettre au cadre de quitter l’entreprise sans préavis tout en bénéficiant d’indemnités de licenciement.

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